Retour à terre, retour aux mots

Me voila de retour de la Select. Pleine d'émotions. Je crois que le mini s'apparente finalement aux sports extrêmes...
Des embruns pleins les yeux et les oreilles, je vais vous conter un petit aperçu de l'aventure. La semaine précédent la Sélect se doit déjà de faire partie de la course tant j'ai pu être stressée et speed, entre une panne de voiture, le boulot, la jauge à passer et le bateau à préparer, j'avais la main remplie de mots me rappelant ce que je devais faire..
Le samedi est enfin arrivé et c'est bien soulagée que j'ai franchi la ligne de départ du côté défavorable, sous solent, avec 7 noeuds de vent. Autant dire légèrement sous-toilée !
Grâce à mon habituelle bonne étoile le vent à décidé de prendre de la droite et ayant viré juste après le départ car complètement déventée, j'ai pu gagner quelques places avant la bouée de dégagement.
Un parcours banane au bon plein-travers devant le Croisic, passage de la guérandaise puis direction le phare des Birvideaux, autrement dit, cette fois, on part !

La fin d'après midi ensoleillée était assez paradisiaque et c'est peu après la tombée de la nuit que j'ai passé le phare des Birvideaux, à moitié effrayée par le bateau pointeur que j'ai vu surgir de nulle part. Jusque là tout va bien... et c'est justement peu après que tout a commencé à se dégrader : panne de pilote ! Ah la la la, celle là on l'attendait !
Trois semaines que le pilote marche bien et voila qu'en course il me lache ...
Bricolage électronique barre amarée. Le vent de seulement 10 noeud me permet de rester calme.
Je me fixe une deadline : si à 2h du mat' rien ne marche, je rentre. Moins de 5 minutes plus tard j'arrive à faire remarcher le pilote à moitié tandis que mes petits camarades en route directe me disent gentiment au revoir ! Le mode compas à l'air de marcher (à quelques dizaines de degrès près!) je décide de continuer. Première nuit assez calme donc, petits quarts de dodo à l'intérieur, avec un petit coup d'oeil dehors toutes les 20 minutes minimum, car gare aux péchous !
Alakaluf va bien, on est au bon plein, de plus en plus débridé car le vent prend du nord depuis le départ de samedi. Bientot le spi ! Seul hic, le vent forcit également.

Le jour se lève, Belle île est passée depuis longtemps. Petite matinée à longer Yeu que je n'avais pas saluée depuis la fin de mes années lycée. Petit bonjour au sémaphore pour lui signaler mon passage puis envoi du spi ! Ca décolle ! Le vent ne fait que monter, passé 20 nds, je commence à songer à affaler le spi, n'ayant une confiance que très mitigée en mon pilote, je n'ai pas envie de commencer les contorsions d'affalage pied sur la barre, mains sur le spi ! Une fois le bateau calmé (spi affalé, ça surfe quand même pas mal du tout), je mets les panneaux solaires en place, ca charge! Les chaussettes sèchent au soleil, vivement Bourgenais!

15h dimanche, j'enroule la bouée d'eau saine de Bourgenais, c'est reparti pour une longue remontée en passant extérieur Yeu puis BelleIle jusqu'à Groix. On est au près, la mer s'est bien creusée devant les Sables d'Olonnes, et le vent fraichit, je prends mon premier ris et attache ma capuche! Ca mouille et ça tape. Les bulletins météo et interventions VHF rythment la journée. Rien de très bon qui se présage pour la nuit ni le lendemain : du vent, des grains. Déjà pas mal de bateau on décidé d'abandonner pour différentes raisons, mais bien souvent c'est à cause d'un pilote défectueux.

Tombée de la 2ème nuit. Le vent plus nord est bien frais, je n'arrête pas de rajouter des couches de vêtements. Au près on est trempé ! Le vent forcit encore et voila que le pilote s'arrête de fonctionner. Et cette fois-ci c'est sans retour. J'ai beau bidouiller les fils, rien n'y fait! GRRRRRRRRRRR
Prise du 2ème ris, avec un bateau qui part dans tous les sens (plus de pilote et toujours ce bateau qui part à gauche), vivement le jour ! Le passage de l'ile d'Yeu va rester le pire passage de la course: courant pleine face, vent idem, fatigue, la nuit est noire, c'est la nouvelle lune, et mes yeux me jouent des tours. Le peu de lumières visibles (phares et pécheurs) n'arrêtent pas de clignoter ou de bouger tellement je suis fatiguée... Les autres bateaux en course sont loin de moi, je n'en vois aucun. Dès que je veux dormir, je me mets babord amure (seul bord où la barre amarée marche) et je m'assoupis 20 minutes, ça me requinque pour au moins 1h. Le problème c'est que sur babord amure je me rapproche d'Yeu, il va donc falloir virer et arrêter de dormir! D'autant qu'il m'arrive plusieurs fois de me faire réveiller bateau gité de l'autre côté, matossé sous le vent, à cause d'un virement intempestif. Après d'innombrables virements j'arrive enfin à passer Yeu!

Au petit matin, toujours sans électronique je décide d'abandonner, je tire la barre et d'un coup c'est beaucoup plus facile! Le bateau se remet à plat, on surfe et puis on sait qu'on rentre c'est toujours bon pour le moral, même si décider d'abandonner est autrement rageant! S'en suit une longue descente au portant vers la baie de Pornichet en passant par un plateau qui me vaut de superbes surfs (et quelques frayeurs!) et la perte de mon GPS! Le 2eme GPS aussitôt sorti est attaché et plus qu'attaché ! Terre en vue ! Contente mais aussi stressée de mon itinéraire: les creux sont de plus en plus gros, je n'ai aucune info de vent ni loch et aller faire des points sur la carte me déroute à chaque fois (je rentre donc j'amarre la barre et change donc mon cap). Je finis par passer la ligne d'arrivée en baie de Pornichet à 13h le lundi matin après presque 3 jours et 2 nuits de course. Un pogo 1 qui a abandonné arrive en même temps que moi sous 3 ris et voile d’avant affalée alors que je suis sous 2 ris solent. En lofant pour affaler, je comprends que le vent ne rigole pas, il y a au moins 30 nds ! Au vent arrière je ne m’étais pas rendue compte que ça avait autant forcit. Quelques minutes après mon passage de l’arrivée, le premier des protos s’annonce ; voila Thomas qui arrive, on n’aurait pas pu être plus syncro !

Prise en remorque pour rentrer au port me voila sereine, arrivée ! Quelle aventure la nav en solo… allez, dans 15 jours on remets ça, en double cette fois ci !

Quand au repas et la douche qui s’ensuivent, je vous laisse imaginer !